Chapitre 4: Andalousie
Alcaraz: superbe.
J’y arrive en début de soirée après une longue descente. Quand je vois les ruines d’un fort perché sur une colline abrupte je me dis: c’est là que je vais passer la nuit. En effet, après avoir mangé des pâtes à la sauce tomate sur la place du village, j’arrive au sommet de cette colline, juste à temps pour admirer le coucher du soleil. La vue qui s’offre à moi depuis l’endroit où j’ai planté ma tente est à couper le souffle! A presque 1’000 m, je surplombe une plaine rougie par le crepuscule et par une terre acide, riche en fer. Les derniers rayons du soleil donnent à ce paysage des airs de Mordor, bien que, paradoxalement, celui-ci inspire la paix et la tranquillité. Bref, voici quelques photos :
Jusqu’à 22h, je contemple cette étendue que je traverserai demain. Je repense à ma journée: arrêt à Albacete, longues lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres, et Alba de El Jardìn. Cette jeune serveuse/étudiante en droit montre de l’interet à mon voyage, et demande si elle peut joindre sa signature à celle de mes amis sur mon t-shirt.
Le lendemain, je rentre au « Royaume des Oliviers ». L’Andalousie est surpeuplée d’oliviers! Au sommets des collines, au fond des vallées, au coeur des villages: des oliviers. Cela fait maintenant 3 jours (J’écris à J28) que je pédale dans ces immensitées et jamais je n’ai passé plus de 5 min sans avoir un de ces arbres dans mon champ de vision.
Malheureusement, les oliviers ne sont pas hauts, et ne procurent pas beaucoup d’ombre. Celle-ci serai la bienvenue. La journée, les températures dépassent régulièrement 40ºC. Entre midi et 15h, la chaleur anéhantit tout. Les locaux sont réfugiés chez eux, les bars et les magasins ferment et moi…. je pédale. Je ne suis pas synchro, et ne m’arrête pour manger sur les places de villages que vers les 14h30-15h. Ce qui fait que j’avale des litres d’eau et de jus de fruits pour m’aider à tenir jusqu’à la prochaine place ombragée.
Aujourd’hui, j’ai décidé de prendre une demie-journée de pause: je me suis trouvé une petite auberge municipale à 10€ dans la ville de Luque. Les maisons blanches sont accrochées au flanc de la montagne, et se voyent de loin. Les gens que j’ai rencontré jusqu’à présent sont très sympa, et fait unique: ils essayent de parler anglais! Pour l’instant, je n’ai rencontré personne étant d’accord de s’y essayer ! Je voulais profiter de cette nuit en auberge pour descendre dans un bar voir le Clasico Real-Barca, mais erreur de calcul: c’est demain…
Ma prochaine étape, Gibraltar approche à grand pas. Si tout va bien j’y arrive dans 3 jours. J’ai hâte d’arriver en Afrique!
Soirée de départ, J-1…
4h00 du matin, J-1.
Encore étourdi par la soirée, les (trop?) nombreux verres de bières, les danses effrénées au Jagger’s, et le retour à pied/stop jusqu’à la maison, je me mets pourtant à l’ordi pour écrire ces mots.Pourquoi?
Peut-être parce que je réalise seulement maintenant ce qui m’attend. Enfin, c’est relatif. Demain j’enfourcherai mon vélo pour ne plus le lacher pendant plus d’une année. Je ne m’inquiète pas vraiment (pour l’instant) de ce que ce voyage me réserve au niveau des difficultés physiques et morales. Après cette soirée passée avec ma famille et mes amis, je réalise que ce qui me sera le plus difficile ce sera de les quitter (même si ce n’est que pour un an). Dire au revoir, faire mes adieux et quitter un à un les groupes d’amis, ces micro-sociétés que nous avons crées, me force à mettre un pied dans la réalité.
Les préparatifs tout au long de ces dernières semaines furent longs,exigeants et remplis d’imprévus. Les chargeurs de téléphone satellites et d’appareils photos non adaptés, l’interminable organisation de la pharmacie, le « marathon » normand (même si ce fut une partie de plaisir), et bien sûr l’envie de profiter de chaque instants font que chaque seconde de cette phase de préparation est comptée. Tout moment passé avec la tête dans les nuages mettant en péril la préparation des autres points de ma longue liste des choses à faire.
Bref, je ne vais pas me plaindre ni m’étaler plus longtemps, dans 32h c’est le grand jour, et il faut que je sois d’attaque à ce moment là. A cet instant même, Morphée m’appelle, mon oreiller gueule car il veut profiter de ces derniers moments de tête à tête avec mon oreille gauche, et ma tête qui tourne beaucoup m’ordonne d’aller me coucher. Du coup, chers lecteurs, je vous laisse et vous donne rendez-vous à mon départ Samedi 16 entre 10h et 12h!