A la découverte du monde à 20km/h…

Chapitre 29: De retour en Europe

Derniers coups de pédales avant Gorëme. Nous entrons en Cappadoce, terre grandiose mais aussi hyper touristique.  On en a cure,  cela fait depuis l’Inde que je n’ai pas croisé d’autres occidentaux (hormis quelques cyclos par ci par là ), et pour PiBin, rencontrer une petite chinoise ne lui ferai pas de mal, depuis le temps qu’il attend ça!
Tels des chevaliers sur leurs pur-sangs, nous entrons dans la cité le regard fièr et l’allure conquerante, nous arrivons dans la rue principale bordée de restaurants au double du prix de ce qui se trouve ailleurs dans le pays. Personne ne nous regarde, pas d’applaudissements ni de  »vive PiBin et William! ». On retombe sur terre, le bain de foule ce sera pour une autre fois.
Pour célébrer notre presque millième kilomètre turc, on décide de boire un verre d’eau tiède a l’ombre d’un arbre en attendant notre contact local. Eh oui, PiBin qui est connecté en permanance à internet via son téléphone a repéré sur le twitter chinois la présence d’une compatriote, Liying, dans cette ville de Cappadoce. Certes, à Gorëme, des chinois il y en a plein, mais cette Liying a une particularité: elle étudie à Amiens et parle donc le français. La perspective de ce rendez-vous nous a bien motivé ces deux derniers jours:  »maybe she is beautifull! »

Liying

23 ans, étudiante en économie à Bordeau puis à Amiens, Liying est pourtant originaire du Yunnan, région chinoise frontalière avec le Tibet. En vadrouille deux semaines en Turquie, elle séjourne en Cappadoce en même temps que nous. Pibin est aux anges, elle est très jolie. Grâce à PiBin et Liying, mais aussi grace à Ké (homme/23 ans) et Nour (femme/42ans) présents eux aussi, je continue mon immersion. La Chine, ou tout du moins la culture chinoise, je n’aurais jamais imaginé l’approcher de cette façon, à plusieurs milliers de kilomètres de ses frontières!
Ainsi, c’est à cinq que je fais mes premiers pas dans ces vallées de Cappadoce, si uniques et magiques, qu’il est possible d’arpenter pendant des heures dans les alentours de Gorëme. Il y plusieurs centaines d’années, des volcans voisins ont crachés des litres de lave et des tonnes de cendres qui ont ensuite couvert la région. Suite à ces multiples éruptions, la lythologie s’en est trouvée grandement modifiée. Grâce à ce couple de fabuleux magiciens: Mr Time et Mrs Météo, ce qui fut feu et poussière devient roche et falaises, et ces terres qui étaient mornes et désertiques se trouvent ornées d’obélisques, de monolithes et de canines acérées forrées de toutes part par les hommes en quête d’abris originaux.
Creusées par l’homme, les Demoiselles d’Eusègnes géantes qui relèguent celles d’Arolla au rang d’enfant de coeur offrent des formidables terrains de jeux pour les Indiana Jones en herbe que nous sommes. En explorant ces dents de plusieurs dizaines de mètres, il est possible de trouver des entrées qui mènent à d’immenses salles troglodytes. Parfois, nous tombons sur d’anciennes églises où subsistent encore des fresques, parfois sur ce qui s’apparente à des habitations médiévales. En escaladant des cheminées étroites, en rampant dans de minuscules corridors, il est possible de monter très haut dans ces tours de roche. À chaque fois qu’on perçoit avec PiBin une fenêtre trahissant la présence d’une pièce à plus de vingt mètres du sol; on s’élance dans la première ouverture à notre hauteur en espérant découvrir le passage secret qui nous y mènera.
Pour décrire ces paysages si atypiques et retranscrire l’atmosphère que ceux-ci dégagent, il me faudrait un âme de poète qui me fait de défaut malheureusement. Je vous invite donc à jeter un coup d’oeil aux photos.

Durant notre vadrouille dans ces vallées  »meringuées », nous courons pour pénétrer le plus de Demoiselle d’Eusègne possible (ohoh, explicite!).
PiBin est en mode  » parade nuptiale ». Je décide de lui donner un coup de pouce en proposant au reste du groupe de rentrer au village, laissant ainsi seul PiBin et Liying sur leur caillou, a attendre plus de 3h le coucher de soleil. Ça à l’air d’avoir fonctionné, quand je le retrouve le soir, il est aux anges.

En retombant sur les routes touristiques, les prix augmentent énormément. On décide d’économiser une nuit d’auberge en allant trouver refuge dans une de ces nombreuses cavernes creusées par l’homme. Certains hôtels proposent des  »nuits troglodyte » pour des sommes importantes, pour nous c’est gratuit. Bien au frais dans notre caverne où nous avons monté nos tentes et rangé nos vélos, nous dormons plus de 9h. Les deux dernières nuits passées dans les parcs de Malatya et Kayseri n’ayant pas été de tout repos à cause de ces gardes qui ne voulaient plus de nous dans leurs pattes dès 5h du matin.
Lors de cette longue nuit, vers 5h30 du matin alors que je sors soulager ma vessie, j’assiste à un spectacle irréel. Sans lunettes et les yeux encore endormis, je ne peux pas ignorer les dizaines de montgolfières qui se gonflent et qui s’élèvent en silence. Le soleil qui se lève à peine rougit les ballons et accentue de rose les falaises aux alentours. Je reste émerveillé pendant de longues secondes, jusqu’à ce qu’un baillement à me deboiter la machoire ne me tire de ma torpeur. La seconde suivante je ronfle à nouveau dans ma tente.

Bye PiBin

C’est à Gorëme que je me retrouve à nouveau en tête à tête avec moi-même. Après le départ de Liying pour la côte Méditerranée, c’est de PiBin que je me sépare. Il doit se dépêcher de gagner Ankara pour commencer la procédure de demande de visa pour l’espace Shengen et je préfère rester une journée de plus pour aller visiter les villes sous-terraines de Derinkuyu. Après une ultime bière devant un match de foot, nous  nous donnons rendez-vous à Istanbul dans dix jours, pour mon anniversaire (le 26 juin) et le sien (le 28).
Derniere halte touristique, les villes sous-terraines sont elles aussi un must. Alors que rien ne laisse deviner leurs présences à la surface, ces villes ont parfois abrité plus de dix mille personnes. Avec ces escaliers infinis s’enfoncant dans les tréfonds, ces dedalles de galeries et ces salles gigantesques creusées dans cette roche tendre qu’est le tuf, Gimli aurait été aux anges!
Pour profiter d’avantage du réseau sous terrain que cette ville représente, je me faufille, lampe au front, dans les boyaux à moitié obstrués par les grosses rondelles de pierres servant de portes. Les cris des chimères d’Echoes, le morceau de Pink Floyd, accompagnent ma descente mais très vite je fais demi-tour et remonte à la surface: sans fils d’ariane, je ne peux pas m’enfoncer plus dans ce labyrinthe (et j’avoue que j’ai un peu les boules aussi).

Vers Ankara

Ce qui est magique avec le voyage à vélo, c’est qu’en trois coups de pédale, il est possible de s’éloigner des lieus touristiques pour retrouver l’authenticité de la région traversée. Après avoir fait le plein de rencontres avec des gens  »bien de chez nous », je m’en vais à nouveau à la rencontre des turcs, des vrais, pas ceux qui tendent un menu de restaurant en assurant que leur durum est le meilleur de la ville.
PiBin doit avoir plus de cent kilomètres d’avance sur moi, j’espère le ratrapper à Ankara, mais pour ces 300km jusqu’à la capitale, je ne mise pas sur la performance. La première journée, je la passe en partie sur une piste de graviers et sauve une tortue perdue entre les deux voies. Le soir, c’est une immense station service en construction qui me sert d’abris. Je suis invité à manger par Osman, le fils du patron de la station voisine. Il a dix-sept ans est est fièrede partager son riz/dinde avec moi. Alors que je vais me coucher, il me glisse dans la main un papier avec un mot en turc inscrit dessus: Hatira. Ça veut dire Souvenir. Promis Osman, je ne vais pas t’oublier!

La deuxième journée est plus difficile. Au programme: vent de face parfois très violent, et courses poursuites avec les Sivas Kangal, chiens de bergers turcs, aussi gros que des veaux. Ce jour là justement, tout est prétexte pour faire un pause, et alors que je me reveille d’une sieste à l’ombre d’un arbre, j’entends les cloches d’un troupeau de moutons. En moins de deux je suis sur ma selle et sprint pour échapper à trois de ces chiens-loups qui courrent déjà à mes trousses. Heureusement, au premier sifflement du bergers, ceux-ci font demi tour. Un bon dressage peu bel et bien sauver des vies ( et plus particulièrement celles de cyclos)! Cette journée n’est pas très productive en termes de kilométrage : seulement 80km. Je peux dire adieu à des retrouvailles avec PiBin avant Ankara.

La troisième journée est  passée en mode  »full power ». J’ai la pêche et les longues montées et descentes ne me gênent pas. Pour me distraire, j’écoute les émissions d’Histoire Vivante enregistrées sur mon iPod. Thème de la semaine: le Goulag et l’URSS. Alors que le soleil est assomant, je suis au frais dans les îles Solovki.
En fin de journée, je retrouve une grande route, bordée par d’innombrables stations services géantes et de nombreux restaurants. Ce soir, il y a le match allemagne-grèce. Je n’en fais pas une fixation, mais une télévision doit être facile à trouver dans le coin. Je décide donc de tenter ma chance dans quelques retaurants. Malheureusement ils ferment tous à 21h alors que le match commence à 22h. Je tente une dernière fois la chance dans un restaurant désert à l’exception de la serveuse et du cuisto qui discutent avec le boss. Le patron me reçoit avec le sourire, m’offre un çay d’entrée. Il parle un peu anglais, et quand je lui demande s’il diffuse le match ce soir, il répond par l’affirmative. Enfait, il intime l’ordre à son cuisto (qui loge dans la remise à l’arrière du restaurant) de rester à son poste jusqu’à minuit! Je passe donc la soirée en leur compagnie, et mange la meilleure brochette de viande hachée de toute ma vie qu’ils me préparent à bon prix.
Le cuisinier de 22 ans et la serveuse de 16 ans ne parlent pas anglais, mais ils sont astucieux. Nous tapons ce que nous voulons dire sur Google qui traduit en un clin d’oeil du turc à l’anglais et de l’anglais au turc.
Quand le match commence, le patron et la serveuse s’en vont et je regarde la Grece se faire demonter par les allemands. Pub pour le resto oblige, voici où vous devez aller manger lorsque vous sortirez d’Ankara par le sud: Lokum Kebap, 4 km apres Gölbasi. Franchement, c’est vraiment trop bon. Mon ventre en  gargouille encore…
Je passe la nuit dans ma tente, juste derrière le restaurant. Alors que je commence à m’endormir, j’entends des chiens fouiner dans les alentours. Pour mesurer leur degré d’agressivité, je tousse légèrement: grognements puis aboienment. Ça me met en colère! Que les chiens me courrent après durant la journée, je veux bien, mais là je suis fatigué nom de dieu! Je saisis mon bâton anti-chiens et sors de la tente en gueulant comme Gérard Jugnot dans les bronzés font du ski:  »assez! Y’en a qui aimeraient bien dormir, assez! ». Ça marche, les chiens s’éloignent. Heureusemert car ce n’est pas ma moustiquaire qui allait faire rempart en cas de charges de ces molosses.

Ankara

Cette nuit derrière le restaurant est une des rares fois où j’arrive à m’arrêter pour camper avant d’entrer dans une ville. Du coup, en ce samedi 23 juin, j’arrive dans le centre d’Ankara de bonne heure. Cette ville désignée capitale par Atatürk il y a seulement 90 ans n’offre pas beaucoup de sites d’intérêts touristiques. J’espérais y retrouver PiBin, mais celui-ci a pris de l’avance et a pris le bus pour Istanbul. Du coup, je fais les deux trois visites qui s’imposent: citadelle perchée sur un rocher et mausolée d’Atatürk, « Père-turc « , encore plus impressionnant que celui de Ho Chi Minh à Hanoï.
Pour visiter celui-ci, je cadenasse mon vélo à un lampadaire. Peu rassuré je jette de nombreux coups d’oeil en m’éloignant. Un type commence alors à tourner autour de mon deux-roues. Peu rassuré je reviens sur mes pas. Ouf, il ne s’agit d’un autre voyageur. Michel est belge et est intrigué par mon vélo. En effet, son fils revient lui aussi d’un voyage à vélo un peu particulier: Pékin-Bruxelles en…trois mois!!! Quand j’étais sur l’Aconcagua, j’avais appris la présence sur la montagne au même moment d’un type revenant tout juste d’un tel voyage. Je ne l’avais pas rencontré a ce moment là, mais il s’agit bel et bien de la même personne. J’aurais bien aimé connaître les détails d’une telle aventure…

Même si mon compagnon chinois n’est pas là, je décide d’adopter sa technique pour mon unique nuit à Ankara. Je profite du temps qu’il me reste avant le tant attendu France – Espagne pour repérer les parcs où je pourrais planter ma tente. Après avoir repéré un éventuel spot, je pars à la recherche du bar pour suivre le match. Un établissement au logo amusant et au nom évocateur attire mon regard: le Beer Station. Nafiz le patron m’accueille à bras ouverts et est impressionné par mon vélo. Il me propose aussitôt de laisser ma monture garée devant son bar et de jeter un oeil dessus le temps que j’aille me trouver de quoi manger. Quand je reviens, il me propose alors de dormir sur la terrasse une fois le match terminé. Trop beau, j’ai tout ce qu’il me faut pour passer une bonne soirée: une télévision, une choppe et un toit.
Dans le Beer Station, je suis le seul à me soucier du sort de l’équipe de France, et une fois l’affaire terminée et l’Espagne propulsée en demi finale, je ne vois plus de raison valable pour rester éveillé plus longtemps. Sur mon tabouret mes yeux se ferment et mon corps vascille. Morphée fait tout ce qu’elle peut pour me faire venir à elle. Nafiz s’en rend compte et me donne le feu vert pour que je m’installe pour la nuit. Je gonfle mon matelas que j’étend ensuite entre les tables. Les clients me jettent de drôles de regards mais ça ne m’empêche pas de sombrer dans un sommeil profond que même Lady Gaga qui s’en donne à coeur joie dans les hauts-parleurs n’arrive pas à troubler.

Le lendemain, le 24 juin, je suis sur le pied de guerre de bonne heure. Je prends mon petit déj sur cette terrasse déserte et m’aprête à partir. Je réalise alors que ma tablette tactile et mon iPod sont en train de charger dans le bar qui est fermé a clé. J’attends donc que Nafiz vienne ouvrir le bar.  Une heure d’attente, deux heures, trois heures, finalement je peux récupérer mes biens qu’à 13h. Cette demie journée de perdue contrecarre mes plans. Je veux être à Istanbul le 26 juin pour célébrer mon 24ème anniversaire en compagnie de PiBin. Couvrir les 500km qui séparent la capitale du Bosphore en trois jours c’était de toute façon une chose impossible, mais j’espérais bien m’en approcher un maximum. Je décide donc de prendre un bus directement pour Istanbul depuis Ankara pour profiter un peu plus tôt que prévu cette ville qui m’a longtemps attirée.

Istanbul

Il est tard quand j’arrive à Istanbul, et il fait nuit. Je ne sais pas par où aller, et je n’ai que le nom d’une auberge de Taksim noté dans mon carnet par Jean le Hobo à Tabriz (chapitre 27) pour savoir vers quelle partie de la ville me diriger. Suivant quelques indications hasardeuses des rares passants, je me retrouve catpulté sur l’autoroute en moins de deux. Mes deux petites lampes et mon casque me semblent  une protection bien dérisoire tant le flux et la vitesse des voitures est impressionnante. Ces dix kilomètres d’autoroute en pleine nuit sont mémorables. Cela faisait longtemps que je m’étais pas senti aussi vulnérable, et pour m’aider à pedaler à coté de ces voitures folles, mon corps produit non-stop des doses d’adrenalines impressionnantes. Pedalant à fond la caisse, je hurle et chante à tue-tete pour libérer la tension et tenter d’egaliser les décibels lâchés par les moteurs des autres véhicules. Essouflé mais en vie, je déboule dans le quartier de Taksim. Je ne passe pas inaperçu dans la rue Istiklal Caddesi, rue piétonne très animée durant la nuit. Les minetes en talons hauts et les beaux gosses aux t-shirts moulant roses me le font comprendre en un regard: ma place n’est pas ici tant que je ne suis pas passé sous une douche.

Degoulinant, j’arrive à une heure du matin à l’auberge que Jean m’a conseillé: Neverland Hostel. Sûrement le logement le moins cher d’Istanbul, 9€ la nuit dans un dortoir propre et lumineux avec eau potable, thé et café gratuit disponible à longueur de journée, ça va être dur de trouver pareil auberge en s’enfoncant en Europe…

À l’heure où j’écris cet article, je finis mon séjour d’une semaine dans cette ville à cheval entre Asie et Europe. Beaucoup de choses se sont passés et je sens que demain quand je remonterais en selle ça ne sera pas une mince affaire de remettre en route la machine. La première chose que j’ai fait en arrivant à Istanbul, c’est de retourner sur mes pas et de prendre un bateau avec mon vélo vers la rive asiatique de la ville. Je suis arrivé en Europe en bus. C’est vraiment pas la classe. En plus, il faisait nuit, je n’ai rien vu du Bosphore, ce corridor d’eau qui relie la Mer Noire à la Méditerranée. Je décide donc d’emprunter un des deux ponts qui ralie l’Europe à l’Asie, malheureusement réservé qu’ aux véhicules à moteur. Bien entendu, au péage je me fais arrêter par un policier qui me demande ce que je compte faire. quand je lui explique que je viens de Bangkok à vélo, son visage se fend d’un grand sourire et il me dépêche une voiture de police qui m’escorte sur toute la traversée du pont!

Un des pensionnaires de cette auberge me dit quelque chose. Son visage et son allure m’est familière, et c’est réciproque.  Un matin il vient vers moi et me dit  »i know you from somewhere. » On se met donc à la recherche de ce somewhere et d’un coup ça me revient! C’est l’équatorien qui faisait des bracelets dans les rues de Pokhara au Népal! Nous avions discuté plusieurs minutes: pour financer son voyage (qui dure quand même depuis plus de trois ans) il vent des bijoux qu’il fait lui même dans la rue ou dans les festivals. Pour le soutenir dans sa démarche je lui avais acheté un bracelet aux couleurs du Népal. C’est marrant de tomber sur lui dans ce cadre si différent que celui de l’Himalaya. Je parie que je le reverrais un jour quelque part!

Le 26 juin, après une journée à remplir mes obligations touristiques ( Cisternya, Mosquée Bleue, Basilica Cistern…) j’apprends que PiBin qui a du retourner régler son histoire de visa à Ankara est bloqué dans la capitale pour au moins une semaine.  »Super, je vais passer mon anniversaire seul, devant un kebab et un yahourt … » . Eh bien non! Buvant en debut de soirée une bière au goût bien amer dans la salle commune de l’auberge, je fais connaissance de deux filles qui me  sauveront d »un anniversaire solitaire et triste à mourir. Anna et Camille viennent d’arriver pour une semaine de vacances à Bysance. Grâce à elles, ce 26 juin mal engagé se transforme en une soirée bien sympathique où  je me surprend même à danser!

Au final, c’est le reste de la semaine que nous passons ensemble. Anna est allemande est a un caractère incroyable qui lui permet de bien s’entendre avec tout le monde et a un sens de l’humour compatible avec le mien. Par exemple, un de mes passe-temps favoris lorsque je remonte une avenue surpeuplée (dieu sait ce que c’est fatiguant!) consiste à séparer le plus de couples qui se tiennent la main en passant entre eux. Anna approuve aussitôt et se jette dans la mêlé d’Istiklal Caddesi avec un enthousiasme surprenant! Ont fait meme des  »breakage » en equipe.
Anna a rencontrée Camille il y deux ans lors d’un échange universitaire à Valparaiso au Chili et depuis elles sont meilleures amies.
Camille est française, et plus encore car elle est parisienne (!). Je la trouve très jolie avec ses grands yeux marrons et ses cheveux blonds/châtains, et il est difficile d’imaginer que son boulot lui fait passer toute ces journées sur un grand chantier de la capitale. Après ses études, elle est entré dans la vie professionnelle à 22ans à peine. Le choc. Je me rend compte qu’il y a quelque chose après les études et les années sabbatique. Ça me déprime…
Grace à son job, Camille m’apprend plein de choses passionnantes. Mes amis le savent, un de mes passe-temps favoris est de me faufiler, aux coeurs des nuits lausannoises, dans un quelconque immeuble en construction. J’escalade alors les grues qui s’y trouvent jusqu’à leurs point le plus haut. Au sommet de ces perchoirs  incongrus, je reste parfois de longues minutes à contempler les lumières de la ville qui s’en vont butter contre le Lac Léman. Ces minutes passées à 50m du sol, bercé par balencement que le vent occasionne, sont d’une étonnante intensité. Grâce à son travail au contact de ces machines de chantier, Camille connaît plein de choses sur leurs aspects techniques et la manière de les manipuler. Cela me passionne et me rappelle ces bon moments passés hors du temps sur ces bestioles jaunes.

Les jours qui suivent, je les passe donc le plus souvent avec Camille et Anna. Ensemble nous joueons les touristes dans Sultanahmet, allons nous baigner sur les Princes’ Islands et buvons de nombreuses bières. La seule chose qui ne va pas c’est lorsqu’il s’agit de regarder les demie finale de cet euro qui touche à sa fin. Pour le coup je me trouve de nouveaux compagnons. Lors du match Espagne – Portugal, je passe une soirée mémorable en compagnie de Tim, un marin américain qui navigue en Europe depuis sept ans. Il m’a surpris alors que je lancais de la fenêtre du dortoir des avions en papier confectionnés avec les pages de mon guide Lonely Planet qui ne m’étaient plus utiles. Avec son air sérieux et sa trentaine bien entamé, je me suis dis qu’il allait me regarder de haut et me prendre pour un idiot, eh bien non, ensemble on a passé plus d’une heure à arroser la rue de boeing miniatures. Tim a une vie trépidente. Il vient de  »demenager » par la mer un voilier de plusieurs mètres du Sud de la France à Istanbul tandis que les propriétaires faisaient le voyage en avion. Avant cela il a travaillé plusieurs saisons en Alaska en tant que pécheur de crabes. Ceux qui ont vu le reportage seront Deadliest Catch seront de quoi il s’agit ( http://www.thibernet.com/317-deadliest-catch-les-pecheurs-de-crabe-de-lalaska )

Pour mon anniversaire, je me suis offert un billet pour un festival au bord de la Mer Noire. Un groupe qui m’accompagnait depuis mon face à face avec les scorpions du Sahara s’y produisait: Gogol Bordello. Camille, pour sa dernière soirée en Turquie a consenti à m’accompagner (Anna étant rentrée ). Lors de cette soirée de festival j’ai pu mesurer à quel point Istanbul et sa region se détaché du reste de la Turquie. Ici les filles portaient des vêtements si court que ça choquait Camille, et les lesbiennes ne craignaient pas de s’afficher en public. Je n’arrive pas à m’imaginer des scènes similaires à Bingol  ou a Kayseri…

Voilà en bref les événements de ces derniers jours passés à Istanbul, il y aurai encore mille trucs à dire, mais j’en ai un peu marre d’ecrire et mon ventre me réclame son dürum du soir depuis deux heures déjà. Demain je reprends la route, pour la première fois sur le continent européen depuis le 18 août dernier, en direction de la Grèce, la Macédoine et l’Albanie où Gregoire me retrouvera pour une remontée des balkans qui s’annonce mémorable.
Bref, ici Istanbul, A vous les studios!

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Une Réponse

  1. superbe voyage !!!
    ça m’est arrivé une fois de me retrouver sur une partie d’autoroute !!!! ça stresse un max !!!!
    c’était à ….Marseille !!!! si si !!!
    bon, je te laisse retrouver les balkans tranquillement !!!
    et bon vent !!!

    8 juillet 2012 à 14 h 16 min

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