Episode 2, Le GR5 contre-attaque
Previously, on 20kmh.net…
William et ses amis ont quittés Novel afin de tenter d’atteindre le sommet de la Dent d’Oche culminant à une altitude extrême de 2222m! Et c’est dans l’un des passages les plus critique de l’ascension que ce qui aurai pu arriver n’arriva pas… tadadam!
Épisode 2
Le soleil n’est pas de la partie, et c’est dans le brouillard que nous entamons l’ascension d’un passage vertigineux nous menant au refuge. Celui-ci est très périlleux, Sarah, Aruran et Fabien ne sont pas à l’aise, et tout le monde glisse lorsque les prises viennent à manquer. De par les conditions climatiques, le froid et le manque de visibilité, les petits passages de grimpes s’avèrent être des obstacles difficiles à surmonter, et le moindre faux-pas pourrait s’avérer fatal.
C’est à ce moment, alors que la tension est extrême (!), qu’un bloc de pierre de la taille d’un ballon de foot se détache d’une corniche surplombant le chemin. Celui-ci dévale la pente, passant à côté de Sylvane et fonçant droit sur Sarah et moi-même. C’est alors que celui-ci rebondit sur un rocher un peu plus gros à quelques mètres de nous et le dévie de sa course. Par chance, celui-ci nous manque de quelques centimètres. Nous sommes tétanisés. On réalise quels auraient étés les conséquences d’une telle collision avec cette roche.
En levant la tête en direction de l’endroit d’où le bloc s’est décroché, un bouquetin se détache du brouillard, et nous nargue du haut de son promontoire. Il n’est pas seul: ils sont si nombreux à nous observer, à quelques mètres de nous, qu’on pourrait se croire dans un remake des Oiseaux de Hitchcock, mais avec des bovidés dans les rôles principaux! Heureusement, nous arrivons sain et sauf au refuge à quelques minutes du sommet, et nous dégustons une soupe pour nous remettre de ces émotions. Finalement, nous renonçons à rejoindre le sommet.
Cette journée passée avec mes camarades fut, malgré l’absence de rayons de soleils, très chaleureuse. C’est avec le moral dans les chaussettes que je me sépare d’eux. Je les imagine, une fois de retour dans le confort de leurs ménages, manger un bon plat en compagnie de leurs familles. Cette pensée n’est pas pour me consoler quand je me rappel que je n’ai pas prévu de sauce avec mes pâtes du soir… Lorsque nos chemins se séparent, je me mets à douter : suis-je vraiment capable de marcher seul pendant ces trois semaines ? Est-ce que je le veux vraiment ? Pourquoi ne pas rentrer à la maison ce soir, et tenter un départ dans un ou deux jours quand il fera beau ?
Finalement, je décide de continuer, et le moral est déjà de retour lorsque j’atteins les Chalets de Bises et que j’y plante ma tente. Ce premier bivouac, bien que très froid et humide, est très sympathique. Je mange en compagnie d’un jeune Parisien évoluant aussi sur le GR5, mais du Jura jusqu’à Briançon. Il y a quelques autres tentes à proximités des nôtres : sûrement d’autres marcheurs effectuant la GTA.
Une mise en route…
Les deux jours qui suivent sont consacrés à trouver un rythme, une cadence. Je me rends compte qu’un levé après 8h n’est pas forcement optimal. Le soleil est déjà relativement haut dans le ciel, la chaleur arrive vite, et la journée est plus courte. Du coup, j’opte pour un levé à environ 6h30-7h00 afin d’assister au levé du soleil en prenant mon « gros petit déjeuner », et bien souvent en direct depuis la tente. Jusqu’alors, je ne rencontre pas de difficultés majeurs, le GR est bien balisé, et de nombreux ruisseaux ou fontaine me permettent de me ravitailler en eau régulièrement. Je porte très rarement plus d’1 litre d’eau, c’est uniquement en fin de journée que je remplie mes 2-3 litres de contenances afin de cuisiner, faire la vaisselle, et me débarbouiller.
Les paysages traversés lors de ces premières journées sont très verts et le relief est très doux. En effet, le chemin ne dépasse que très rarement la barre des 2000m d’altitude. Je cumule entre 1000 et 1500m de dénivelés positifs par jour, et cela me semble énorme à ce moment-là. A chaque col, je peux tout de même constater mon éloignement progressif par rapport au Lac Léman, et me rendre compte des étapes qui m’attendent pour les jours à venir.
…difficile
N’ayant jamais marché si longtemps avec un sac à dos, mon corps n’est pas entraîné à ce genre de voyage itinérant. Vers la fin du troisième jour, de premières douleurs aux pieds se font sentir. Bien que minimes, celles-ci parviennent à me gêner dans ma progression, et le moral commence à baisser. Le chemin est plat, et longe une rivière traversant la ville de Samoëns. Il est déjà 19h, je décide donc de camper à proximité d’un cours d’eau afin de me laver, de faire ma lessive, et de me masser les pieds. Cela aide énormément en cas de baisse de morale, malheureusement, ça ne va pas beaucoup mieux le lendemain. Il fait froid et la tente est trempée à cause de l’humidité de l’air. Mes vêtements lavés la veille ne sont pas sec, mais je n’ai d’autres choix que de les porter pour commencer cette journée. Le départ est difficile, et très vite je me sens de nouvelles douleurs apparaître : aux épaules, aux genoux, ainsi qu’au bas du dos. Le moral est plus bas que jamais, et l’humidité et le froid n’arrangent pas les choses. J’ai peur que si les choses n’aillent pas mieux, et l’idée de rentrer chez moi une fois arrivé à Chamonix m’a effleurée plus d’une fois.
Heureusement, en prenant de l’altitude en direction du Collet d’Anterne, je réalise que les paysages sont magnifiques. Sur la droite s’élève d’immenses parois de plusieurs centaines de mètres servant d’habitat à une population de gypaète barbu: Les Rochers des Fiz. Premièrement très abrupte et accidenté, le relief s’adoucie jusqu’à devenir par endroit relativement plat. Le chemin traverse de grandes étendues d’herbe irriguées par de nombreux petits ruisseaux où s’abreuvent des ânes appartenant certainement à des promeneurs. Je profite d’une halte au soleil à côté du refuge Alfred Wills à 1810m pour faire sécher ma toile de tente et pour me faire un thé. A ce moment, je reçois un sms de Sylvane qui m’annonce qu’elle me retrouvera, en compagnie de Jean, Fabien et Lucille, à Chamonix le lendemain matin pour me ravitailler en chocolat suisse, et me remonter le moral. Cette nouvelle me fait chaud au cœur, et je me remets en marche, bien plus motivé que quelques heures auparavant.
Plus tard, l’arrivée au Col d’Anterne à 2260m est très impressionnante : le Mont-Blanc, situé à quelques kilomètres de là semble à portée de main, et sa blancheur contraste avec la verdure des paysages traversés jusqu’alors. Hypnotisé par cette vue imprenable sur le massif du Mont-Blanc, je décide de pique-niquer à proximité de nombreux promeneurs. Après avoir pris une série de photos, ne connaissant pas le nom de tous les sommets, je demande à une jeune fille de me désigner les plus célèbres : Aiguille Verte, Aiguille du Midi, Grandes Jorasses…etc.
Je ne sais pas qui de ce panorama ou de cette rencontre provoqua ce qui arriva, mais je m’en mords toujours les doigts. Au moment de remettre mon sac, j’ai le sentiment qu’il me manque quelque chose. Je chasse vite cette idée en me précipitant sur le versant sud du col afin de me rapprocher un maximum de Chamonix pendant l’après-midi. C’est après avoir descendu sur environ 200m que je me rends compte que je n’ai pas mon appareil photo ! Je décide de remonter au col en courant après avoir posé mon sac sur le côté du chemin. Une fois en haut, on m’annonce qu’une femme l’a prise avec elle en ayant l’intention de me le rendre si elle me rencontrait, malheureusement je n’ai croisé quasi-personne. Je redescends donc, en interrogeant les deux ou trois promeneurs rencontrés : niet. Une fois de retour près de mon sac, je décide de remonter au col afin d’être sûr que la personne en question ne soit pas redescendue dans la direction inverse : on m’affirme que ce n’est pas le cas… Dépité, je retourne près de mon sac après avoir gravis ce col trois fois. J’essaye de me consoler en mangeant une tarte au refuge suivant (Moëde Anterne) : rien n’y fait, je suis vraiment en colère contre moi. Dorénavant, je devrais prendre des photos avec mon téléphone portable de 3 mégapixels…
Heureusement, la fin de journée se passe bien. Le bivouac sous le Brévent, au-dessus de Chamonix, et juste en face du Mont-Blanc est magnifique, je me réjouis de retrouver mes amis pour oublier cette journée qui m’a mit à l’épreuve, aussi bien moralement que physiquement (presque 2700m de dénivelés cumulés positifs durant cette étape !).
A suivre sur:
J’aime le titre!
26 mai 2011 à 15 h 02 min
c’es captivant ce que tu écris.
Tu ne m’avais jamais parlé de cet épisode rocheux!
7 mars 2011 à 10 h 26 min
j’adore, c’est frison roche en direct!!!!!
6 mars 2011 à 15 h 59 min
Eh ben, fais plaisir d’avoir un récit détaillé de cette marche ! 🙂
Jonathan
6 mars 2011 à 14 h 05 min