A la découverte du monde à 20km/h…

Chapitre 13: Dakar à la mode sédentaire

 »’C’est qui? C’est Diallo! »

Voilà, me voici enfin à Dakar! 5’600km, 80 jours, 6 pays et une crevaison après mon départ de Lausanne, je boucle la première véritable étape de mon périple!

En arrivant à Dakar, je retrouve ma famille, les Diallos.  »Comment ça, William est africain?! » me direz-vous. Pour faire vite: Sandrine, une cousine lointaine a épousé il y a une vingtaine d’année Karim. De leur union sont nées deux filles Maïmouna et Julie qui ont à peu près mon âge. La dernière fois que je les ai vues, c’était il y a une dizaine d’années, et je suis très excité à l’idée de les revoir! En revanche, je n’ai aucun souvenir de Karim, je crois ne l’avoir jamais rencontré. Savoir que je vais retrouver de la famille, même éloignée, m’a souvent servi de carotte pour avancer durant ces dernières étapes. Merci aux aïeules pour cette famille tentaculaire!

Une fois arrivé dans la ville de Dakar, je demande le quartier de Hann Mariste. Un mécanicien qui rentre chez lui à vélo me guide sur plusieurs centaines de mètres. Ensemble, nous slalomons entre les voitures et les nids de poules. Une fois dans le quartier en question, j’appelle Sandrine: il faut que je me rende auprès d’un certain rond-point. Là, elle viendra me chercher. Bien sûr, je me trompe de rond-point, mais une chose assez incroyable se produit. Alors que j’attends sagement, une voiture s’arrête à ma hauteur, et un type sort sa tête par la fenêtre:  »Eh vous, vous-êtes qui? Es-tu William? ». Je le dévisage, et sa tête ne me dit rien. Je me demande qui peut bien  me connaître à Dakar ? Certes, je vais devenir une célébrité, mais ce n’est pas encore le cas! Comme le monsieur ne ressemble pas du tout à Sandrine (eh oui, c’est un homme et il est noir, Sandrine est une femme et elle est blanche -> je suis un très bon observateur), je lui dit que je cherche un certain Karim. Aussitôt, sont visage se fend d’un grand sourire et m’affirme être ce même Karim. Je me méfie, j’ai rencontré pas mal de gens qui essayaient de se faire passer pour je ne sais quelle connaissance lointaine dans le but de me soutirer quelques sous. Heureusement, très vite, Karim dit le mot de passe  »Aaaah, William, tante Geneviève (ma grand-mère) m’a prévenu de ton arrivée, mais je ne savais pas que t’étais déjà à Dakar, quel hasard de se rencontrer comme ça! »

Eh oui, quel hasard. J’étais à plus de 2km du lieu de rendez-vous fixé par Sandrine, et Karim, qui ne me connaît pas, rentrait du boulot et n’était pas averti de mon arrivée imminente. Ainsi, c’est en suivant la voiture de Karim que je rejoins la maison des Diallos. Accueilli comme un des leurs, je vais y passer deux semaines  avant de m’envoler vers l’Amérique Latine!

Dakar

Les premiers jours passés chez les Diallos se déroulent sous le signe de la paresse. Alors que j’avais envie de visiter la Casamance et la Gambie, chaque jour je me réveille avec un objectif journalier bien plus singulier: attendre le prochain repas. Mais attention, je me lève tôt, coupe du monde de Rugby oblige! Les demie-finales débutent à 7h30, heure sénégalaise. A l’heure dite, je suis en place devant la télé, la tête dans le cul certes, mais bien décidé à rattraper mon retard. En effet, la dernière partie que j’ai pu suivre était… Italie – Russie alors que je me trouvais encore à Tan-Tan: ça fait un bail!

Donc me voilà bien en place, un bol de chocolat au lait en face de moi. Coup d’envoi, Pays de Galles – France, ça promet d’être serré! 10minutes s’écoulent et d’un coup, plus de ventilo, la télé s’éteint. Noooooooooooooon! Coupure de courant……. Pendant mon interminable attente, la maisonnée se réveille peu à peu, Karim et Sandrine peuvent ainsi assister à mon interminable attente! Mon frère me tient au courant par SMS, mais soudain, miracle, alors que je croyais la partie terminée, ma grasse matinée sacrifiée inutilement, la télé se rallume! Je peux enfin m’enfoncer dans le canapé et assister à la dure victoire du XV de France. Cette place en finale face aux All Blacks rajoute du suspens à mon séjour sénégalais. Dans une semaine, je devrais trouver une télévision captant TF1…

Durant cette première semaine à Dakar, certes, je ne suis pas aussi actif que je l’avais prévu, mais je parviens quand même à découvrir la ville. Maïmouna me fait découvrir l’entier du quartier des maristes de nuit, me présente à plusieurs de ces copains sénégalais. Sandrine me fait découvrir de jour ce même quartier qui a alors des allures totalement différentes.

Souvent je prends mon vélo pour me rendre dans le centre-ville. Au total, je fais plus de 100km dans Dakar. Je peux constater avec fierté que j’arrive en seulement quelques paroles fermes mais polies à éloigner les vendeurs ambulants qui ont une réputation terrible dans tout le pays.  »Tu verras, ils te suivent parfois pendant 20 minutes » m’avait-on dit. Mes semaines d’entraînement marocaines m’ont bel et bien été utiles. Je me rends aussi au bout du Cap Manuel pour y contempler tranquillement l’océan que je m’apprête à survoler…

Entre Interview et conférences

Karim et Sandrine travaillent au sein du groupe scolaire Marc Perrot (Karim est le big boss) qui réunit des élèves allants de la maternelle au Lycée dans deux établissements. Il me propose de présenter mon voyage devant certaines classes avec l’aide de Naomi, une volontaire qui s’occupe de l’atelier bibliothèque (entres autres). Ensemble, nous mettons sur pied une conférence adaptée à chaque niveau. A chaque fois,  je montre mon vélo chargé, et quand l’électricité est au rendez-vous, je projette certaines de mes photos. Moi qui n’ai aucune expérience pédagogique, je découvre les joies de  »l’enseignement »! Pas facile de captiver son auditoire quand un professeur s’amuse dans mon dos à filmer l’assemblée et à projeter le tout en direct sur un écran TV!

Les enfants sont enthousiastes. Ils me serrent la main quand j’entre dans la cours de l’école, m’interpellent quand ils me croisent dans la rue et écrivent de gentils commentaires sur mon site. J’espère que, outre leur avoir fait louper une heure de maths ou de français, je leur ai permis de voyager un peu et donner  l’envie  de partir à la découverte du monde…

Grâces aux contacts de Karim, je rencontre aussi un journaliste qui me fait interviewer par une jeune stagiaire. Ainsi, je me rends un soir aux bureaux du journal Le Soleil. Je me fait photographier sur mon vélo, et répond aux questions de ma jeune interlocutrice. Le rendu est flatteur et correspond bien à ce que j´ai dit pendant l’interview. Le tout occupe une page entière du supplément de l’édition du week-end et comporte trois photos de moi. Suite à cet article, Karim m’appellera  »la vedette » jusqu’à mon départ.

Trip en Toubab style avec Julien

Vous vous rappelez de Julien de Saint-Louis? C’est le français qui était dans la même auberge que moi et qui ne parvenait pas à connaître la date de sa rentrée universitaire. Eh bien, les profs ne se décidant pas à commencer leurs cours,  il me contacte pour me proposer un trip vers la Casamence! Malheureusement, je n’ai que 3 à 4 jours de disponible, ce qui est trop peu. Nous décidons de nous rendre dans le delta du Siné-Saloum, un peu plus près, et aussi très joli. Nous commençons notre voyage depuis M’Bour où nous nous retrouvons dans une petite auberge tenue par une… Suissesse! Lors de la soirée passé dans cette ville de la Petite Côte, nous constatons la popularité de la région au sein des consommateurs de sexe. Rien qu’au restaurant où nous nous rendons, à chaque table se trouve un toubab (homme ou femme) relativement âgé, en compagnie  de deux noirs qui ne sont pas là pour leur propre plaisir…

La première étape de ce long week-end est  »la forêt de Baobab »! Nous retrouvons Marie (cf. chap 12) devant une agence tenue par un de ses amis qui propose des tours en… Buggy! Allez, ça fait pas de mal de retomber sur les rails du tourisme conventionnel, me voilà parti pour une matinée de rallye. Attention, si nous roulons à fond la caisse pour rejoindre chaque point d’intérêts, les stops sont tous très intéressants, et notre guide nous apprend plein de chose sur la faune, la flore, les us et coutumes des habitants de la région. Nous pénétrons même à 5 à l’intérieur d’un baobab creux! Bilan: expérience enrichissante en plus d’être amusante. Ouf, au départ nous avons craint le pire avec Julien!

La deuxième étape. Ndangane et le détroit du Siné-Saloum. A moins de 200km de Dakar, le changement de décor est total. Après avoir changé plusieurs fois de bus, pris deux taxis, traversé des villages perdus et emprunté des pistes délaissées, nous arrivons à Ndangane. C’est depuis cette petite ville au bord de l’eau qu’il est possible de partir explorer le delta à bord d’une pirogue. Nous faisons la connaissance d’Obi No Mag qui nous propose de faire un tour d’une demie-journée pour un prix plus que raisonnable. Nous acceptons. Cette après-midi, à s’enfoncer dans les botongs, sortent de canaux  serpentant au coeur de la mangrove, est forte sympathique. Nous nous arrêtons aussi sur la belle et grande île de Mar Lodj, où il n’y a, comme à Zermatt, aucune voiture.

A Ndangane, c’est ultra galère de trouver une tv pour regarder la finale de la coupe du monde de rugby. Je me lève à 7h pour faire du porte-à-porte, d’auberges en auberges, de petits hôtels en petits hôtels. Aucun établissement n’a TF1… Heureusement, Marie qui est restée à M’bour me tient au courant du score en temps réel via SMS, merci Marie!

Troisième et dernière étape: Retour sur Dakar et visite de l’île de Gorée. Cette île, à seulement 20minutes de bateau contraste drastiquement avec l’agitation de la capitale. Ici les gens sont posés, accueillants et souriants. Gorée est connu pour sa maison des esclaves, symbole fort rappelant au monde l’horreur de la déportation et du commerce triangulaire. La visite de cette petite maison où pouvait s’entasser jusqu’à 200 personnes me rappelle aussi l’horreur des camps de concentrations européens. On est vraiment des salauds, nous les humains…

A Gorée, Julien et moi trinquons une dernière fois. Au sommet de l’île, en contemplant le soleil  qui se couche derrière Dakar, nous buvons notre dernière Gazelle, la bière locale que nous buvions tout le temps à Saint-Louis. Ces quelques jours de voyage en sa compagnie étaient sénégalaisement très sympathique! Rendez-vous en Europe dans un an, autour d’une même Gazelle, hein Julien!

Dakar, suite et fin

Mardi 25 octobre, me voilà donc de retour à Dakar pour préparer mon départ. En vérifiant mon heure de départ sur internet, je réalise que mon avion part 24h plus tôt que ce que j’avais noté. Course contre la montre: je pars le lendemain! Après une chasse au carton dans tout le centre-ville, je parviens à trouver de quoi emballer mon vélo. A grand renfort de Scotch, je parviens à faire rentrer ma monture dans un vieux carton de réfrigérateur. Ouf, tout est prêt à temps! Le carton est immense, et c’est grâce à Maïmouna et ses contacts que je peux vous écrire depuis Rio. En effet, car sans elle, jamais je n’aurai trouvé quelqu’un pour le transporter jusqu’à l’aéroport!

Mon séjour en Afrique est terminé, je suis heureux d’avoir refait la connaissance de ses cousines éloignées. Maintenant, cap sur Rio où de nouvelles aventures – d’un autre genre – m’attendent.

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11 Réponses

  1. Hola amigo Willi , este episodio esta lleno de buenas cosas , de la Familia , el xv Francia , la isla de Gorée o mejor dicho de los Orrores de la Humanidad , de periodista poe las escuelas , esto muy interesante por lo ludico y Ecolojico , conocer el mundo en bici ,  » SIN PETROLIO  » ,,,!!!!!!!! Bueno y son tres los continentes alas piernas , atacas el tercero vale hahaha , pero este caera osi , como los otros dos haha , tedeseo un feliz vuelo , un fuerte abrazo de Lucas Dephine y de un conpanero , cuidate amigo William,,,,,,,====

    21 novembre 2011 à 17 h 29 min

  2. basperez

    c’est génial ! « obi no mag » est un de mes amis, de son nom Sémou Ndane Diouf ! c’est dingue comme le monde est petit, je suis belge mais vais régulièrement au sénégal, à diofior et mes amis sont de ndangane!

    4 novembre 2011 à 13 h 49 min

  3. alfonso collado aragones

    Ya hablan de ti hasta en los periodicos, eso esta bien  » la estrella  » bonito nombre
    haz que esa estrella brille con intensidad, ya que a traves de tus ojos viajamos los demas
    buen viaje y que la suerte te acompañe amigo willians

    4 novembre 2011 à 11 h 54 min

  4. Big UP Big UP vessie

    2 novembre 2011 à 3 h 30 min

  5. Fred

    « C’est qui? C’est Diallo! »

    1 novembre 2011 à 20 h 42 min

  6. famille Brunet

    Bravo William pour cette étape incroyable! Tu nous impressionne! On attend comme d’habitude la suite du roman avec impatience! Bisous Régis, Carina, Tom et HUgo

    1 novembre 2011 à 20 h 28 min

  7. Paul et Marie-Claire Geoffroy

    merci willi de nous faire toujours rêver et j’aime ton humour quand tu explique ta présentation avec Karin je suis heureuse via ton blog de savoir que mes cousins vont bien je te souhaite maintenant bon vent vers l’Amérique du sud et que tous tes projets se réalisent

    1 novembre 2011 à 20 h 20 min

  8. Et on n’a même pas droit à un lien vers l’interview? 😀
    Bravo pour cette première partie accomplie!

    1 novembre 2011 à 19 h 58 min

    • Ça viendra, une fois un scanner à disposition! Pour l’instant je la garde jalousement!

      2 novembre 2011 à 23 h 36 min

  9. Fred

    Bien joué champion! On se réjouit des prochains récits, aux accents hispaniques cette fois-ci!
    Salutations à Edson Arantes Do Nascimento 🙂

    1 novembre 2011 à 19 h 49 min

    • C’est qui ton Edson?!?!
      Pour l’instant c’est plutôt l’accent portugais, je pige que dalle :-S
      Big up gros!

      2 novembre 2011 à 23 h 37 min

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