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Chapitre 8bis: …au Sahara!

Le Tizi N Test! Une référence! Ce col est connu partout en Europe pour qui a déjà vadrouillé au Maroc. A une centaine de kilomètres de Marrakech, il permet de franchir le Haut-Atlas et de verser dans la Vallée du Sous en direction d’Agadir, de l’Atlantique… et du Sahara!

Le Tizi

Après quelques kilomètres de descente pour rejoindre Asni, la route commence à serpenter. Serpenter, c’est bien le terme : elle longe l’Oued Jesaispluscomment sur des dizaines de kilomètres. Tantôt elle s’éloigne du talweg, monte sur le flanc d’une montagne sur 100 ou 200m, puis replonge vers cette rivière au cours quasi asséché. Ces montées et descentes successives sont fatigantes, et surtout, elle ne me font pas gagner d’altitude de manière significative.  Vers 13h, je pense avoir fait une bonne approche. La montée finale ne doit plus être très loin, je m’accorde donc une pause-tajine dans un petit resto. 2euros la tajine et le thé : ça passe! Mais, quand je demande des infos au cuistot, il me dit: « Le col, 35km comme ça » (le « comme ça » est authentique, ils disent tous ça!). Et vlan, le moral en prend un coup, je vais encore pédaler un moment avant de voir à quoi ressemble la montée! Je reprends donc la route, et à une vingtaine de kilomètre du Tizi, je l’aperçois!
Oh, il n’a pas l’air si terrible comme ça. Mais attendons pour voir! La route n’est certes pas très pentue, mais elle serpente de plus belle, avant de s’engouffrer au fond des moindres vallées voisines, louvoyant au sein de toutes les combes du versant! Ces 20km dureront une éternité! Heureusement, 1) les paysages sont magnifiques! 2) Une voiture s’arrête et là je fais la connaissance de…

Oli, Austin, David and Rosie

Dans la montée, une voiture blanche s’arrête et 4 jeunes Anglais en descendent. Les présentations se font, et les similitudes entre mon cas et celui d’Austin sont frappantes! Parti il y a 40 jours en vélo de Londres avec un copain, il est arrivé à Marrakech où ses autres amis l’ont rejoint pour une semaine de vacances plus traditionnelle. De plus, Austin est, comme moi, Bachelier en Géographie depuis cette année, et a fait un camp de géomorphologie à Arolla! Pendant cette longue montée, ils m’attendront plusieurs fois, Oli me prenant en photo depuis la fenêtre de la voiture afin de garnir mon site de photo de moi en situation. Pour les 10 derniers kilomètres, ils prendront même un de mes sacs dans le coffre de leur voiture afin de m’alléger.

Il n’y a rien à faire, la route semble ne jamais vouloir s’arrêter de monter. Quand j’arrive à ce que je crois être le col, je réalise que la montée continue sur plusieurs kilomètres! Ces sortes de faux-cols me feront de faux espoirs plusieurs fois! Finalement, j’arrive au sommet du Tizi N Test en même temps que le soleil se couche. Je suis complètement mort, j’ai des frissons qui me parcourent le corps et je perds mon appétit (c’est pour dire!).

Heureusement, les Anglais m’attendent et sont à mes petits soins. Avec cette équipe, je passe une soirée très agréable dans le refuge du haut du col. Nous sommes les seuls pensionnaires, entassés dans un dortoir tout confort.

Le lendemain, la descente est divine! Arcade Fire à fond, je dévale les 30km de lacets en moins de deux. En bas, c’est l’heure des adieux, je me sépare des British qui vont vers l’Est.

Des camions et des scorpions

Enfin en route vers le vrai Sud! Je passe à quelques kilomètres d’Agadir et bifurque en direction de Tiznit, à 90km. Cette 54ème journée passée sur la route est chargée en émotions. Problème majeur avec ce nouveau tronçon routier: la route est étroite, si étroite que je fais ma première chute! Normalement, je reste sur la route coûte que coûte. Je ne vais pas me rabattre parce que Monsieur le camionneur n’arrête pas de klaxonner pour éviter de faire un petit écart sur la voie d’en face. Cette fois-ci par contre, je ne le sens pas. J’observe le camion qui arrive à tout allure grâce a mon petit rétroviseur. Il ne veut vraiment pas se décaler le con! Comme je sens qu’il va vraiment me frôler, je me mets sur le bas-coté, alors que je circule à vitesse de croisière. L’irrégularité soudaine du sol, ainsi que la bourrasque provoquée par l’appel d’air du semi-remorque me précipite face contre terre en moins de deux. Plus de peur que de mal: quelques égratignures au bras gauche et c’est tout. J’ai de la chance. Notons tout de même la préoccupation de deux automobilistes qui se sont aussitôt arrêtés pour savoir si je n’avais rien de cassé. Il n’y pas que des cons sur les routes!

Deuxième fait marquant: j’arrive réellement dans des contrées désertiques! A 30km de Tiznit,je plante ma tente dans le sable, entre des buissons d’épineux à quelques centaines de mètres de la route. Je suis en sandales, j’ai la joie de vivre et je secoue la tête comme un idiot en écoutant ma dernière découverte musicale (merci Marion!): Gogol Bordello! Je mange mon plat de pâtes les pieds dans le sable et prévois de passer un moment allongé à côté de ma tente pour regarder les étoiles (quel ciel!). Mais voilà… En mangeant, le faisceau de ma lampe frontale se pose sur une forme étrange à quelques centimètres de mon pied. Je me rapproche: UN SCORPION! La bouffée d’adrénaline! Je me lève la casserole à la main et sonde aussitôt les alentours. J’en distingue un autre à 1 mètre. Je ne vais pas plus loin, je me dépêche de remballer toutes mes affaires et part me réfugier dans ma tente. En m’endormant, je réalise à quel point j’ai été chanceux! A 10cm près et j’étais bon pour faire du stop pour aller à l’hosto!

Tiznit

Le jour suivant je ne fais que 30km. Je m’arrête au camping de Tiznit que je trouve fort sympathique. A la base, je ne voulais m’arrêter qu’une nuit, mais j’ai pris racine pour une deuxième nuit. Premier objectif de cette halte: me reposer car  je n’ai pas arrêté depuis mon départ de Marrakech. Deuxième objectif: je dois prendre une décision. A Rabat, je n’ai pu obtenir qu’un visa de deux semaines pour traverser la Mauritanie, c’est suffisant. Le problème, c’est que celui-ci commence le 20 septembre et finit le 5 octobre. Il faut donc que je sois au Sénégal dans moins de trois semaines! Plus de 2’300km de route en 18 jours, c’est beaucoup trop, je vais devoir prendre le bus. Je décide de le prendre une première fois de Tiznit à Tan Tan, à environ 200km. Ainsi, je me trouverai directement dans le vif du sujet : en plein Sahara.

Ces deux jours passé dans le camping de Tiznit sont riches en rencontres et en bons moments! Les occupants des 4 camping cars français qui occupent la place se réunissent le soir pour l’apéro, pour le dîner, pour le déjeuner, pour les parties de pétanque, et à chaque fois je me joins à eux! Trois couples sur quatre sont retraités et Michèle et Alain nous invitent les deux soirs à passer la soirée « chez eux ». Roger, de la région parisienne, a un tatouage Johnny sur l’épaule. Pierre-Louis (ou était-ce Charles-Jean, Marc-Antoine? dieu sait comment il s’appelle, tous les jours ça changeait) a tout plaqué avec sa femme à 40 ans pour partir voyager un an autour de la Mediterrannée. Françoise donne des coups de coude à Dominique quand celui-ci s’emporte et dit trop de conneries. On boit, on rit, on part commander des pizzas à 5min des fermetures, on se fait un couscous dans un resto avec un bar clandestin derrière notre table, j’arbitre (hum) les parties de pétanque. Peu à peu j’entre dans l’ambiance et le départ n’est pas facile. Je n’avais jamais expérimenté des vacances en camping avec des pros du campingcaring. Peu importe les a priori que certains peuvent avoir, les moments passés avec ses voisins d’un jour sont mémorables!

Sahara…

Ce soir, je suis arrivé a Tan Tan en bus. Drôle de sensation que de « couper » le fil ininterrompu que j’avais déroulé en pédalant à travers l’Europe et le Maroc. Pour la première fois, je transgresse le principe du fair means et prend un moyen motorisé pour faire un saut dans l’espace et avancer de manière significative sur mon itinéraire. Je ne le regrette pas car je n’ai pour l’instant pas vraiment le choix. En tout cas, les 25 premiers kilomètres parcourus à travers le désert m’annoncent la couleur: vent, camions, route étroite et rectiligne. Mais chose étrange: il fait « froid »!!!! Pas plus de 25-30°C: le pied!

Prochaine étape, la capitale du Sahara Occidental: Laayoune.

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