A la découverte du monde à 20km/h…

Chapitre 6 : « Eh m’sieur, ça va ? »

Tnine-Serafah 

Je quitte donc Chefchaouen avec le sourire, en espérant que le moral va rester au top. La route que j’empreinte traverse des régions très peu visitées (qui est déjà allé à Ouezzane, ou à Tnine-Serafah ?), et partout autour de moi se trouvent des bergers (enfants ou vieillards) accompagnés d’un petit cheptel d’une vingtaine de moutons. Tous me saluent avec le sourire et des « Eh m’sieuuuuh, ça va ? » amicaux fusent autour de moi. Lorsque je m’arrête pour acheter à manger dans une petite ville, les commerçants s’inquiètent de mon itinéraire, demandent d’où je viens, et me vendent leurs produits pour la première fois à des prix raisonnables que je n’ai pas besoin de négocier ! La gentillesse des gens couplées aux beaux paysages que je traverse font que je suis de bonne humeur !

Je pédale jusqu’au soir et je me dis qu’au coucher du soleil, je m’arrêterai dans un quelconque resto pour y manger de la Harira, la soupe de lentille très consistante, parfois agrémentée de viande et de pois chiches que tout le monde mange à la fin du jeûne. Ainsi, je débarque dans un café d’une station service après 100km de route. Je m’installe à une table et attend tranquillement l’appel des minarets signifiant qu’on peut commencer à manger. Mais j’ai mal choisi mon endroit, ce n’est pas un restaurant mais juste un café ! Heureusement, le gérant ainsi que 2-3 de ses amis ou collègues m’invitent à leur table et je mange en leur compagnie une très bonne Harira accompagné de plusieurs petits plats à partir de viande et de pommes de terre ainsi que de dattes et de Chebakia (les fameuses friandises au miel que je mange à longueur de journée).

Bien sûr, quand je veux repartir, il fait nuit. Après quelques kilomètres pour sortir de cette petite agglomération, je sors de la route pour essayer de trouver un endroit discret pour planter ma tente. Alors que je pense avoir trouvé un endroit compatible avec mes attentes, deux personnes s’avancent vers moi. Je leur demande si ça les dérangent que je campe ici. Je ne comprends rien à ce qu’ils me disent, mais ils insistent pour que je les suive : Inch Allah, j’y vais. Nous nous enfonçons dans la nuit noire, en nous éloignant de la route. Après quelques minutes de marche, nous arrivons aux abords d’une maison. Ils m’invitent alors à pénétrer dans la cours intérieur où une femme lave du linge, où un enfant de 1 ou 2 ans gambade et ou deux chiens semi-sauvages aboient sans discontinuer. Apparemment, ces deux hommes m’invitent à passer la nuit dans leur demeure, et à la lueur d’un lampion, je découvre leurs visage et comprends enfin leurs noms : Badr, Norde. Ils sont frères, ont une trentaine d’année, et ne parlent pas un mot de français, d’anglais ni d’espagnol. Aussitôt, ils insistent pour que je m’asseye dans la salle principale : une longue pièce de sept mètres sur trois de large bordée de coussins ou de couvertures et avec une armoire pour seul et unique meuble. Aussitôt, un troisième frère, Driss qui est l’aîné, arrive avec un plateau-repas digne des grands restaurants : Harira, petits poissons frits qui se mangent comme une glace-esquimau en les tenants par la queue, salade verte et tomates incroyablement bien assaisonnée. Je suis très touché par leur gentillesse ! Ils insistent pour que je mange tout, malheureusement ce deuxième dîner consécutif est plus difficile à caser dans mon estomac. J’invoque des problèmes intestinaux pour justifier le fait que je ne mange pas tous les petits poissons. Je tente de leur proposer quelques dattes et Chebakia, mais ils ont déjà mangé, et se contentent de me regarder. Pendant ce temps, le petit Mohammed, le fils de Driss, s’est soudainement endormi face contre terre. Quand on le découvre ainsi à nos pieds, on éclate tous de rire, et Driss sont père se charge d’aller le coucher.

Pendant tout le repas, Badr, Norde et Driss ne disent rien, mais quand j’éloigne le plateau, la peau du ventre bien tendue, commence alors un dialogue hasardeux, fait de sourires, de gestes et de 2-3 mots arabes, français et espagnols prononcés en vain pour essayer de faire passer un message que l’autre fera, par politesse, mine de comprendre. Heureusement, j’ai un livre pour apprendre l’arabe qui comporte un petit lexique : « L’arabe pour les nuls ». Je sors mon album photo comportant les photos de ma famille et de mes amis et les leur présentent grâces aux quelques mots tirés de ce bouquins. Badr porte un maillot du FC Barcelone (très populaire dans toute cette partie du Maroc : environ un enfant sur trois que je croise porte un maillot de cette équipe !), du coup on prononce les noms des stars barcelonaises que sont Messi, Iniesta, Villa et Xavi, on rigole en évoquant la coiffure de Puyol, et on fait des grimaces en évoquant le Real de José Mourinho et de Ronaldo. L’avantage du foot, c’est qu’on peut en parler dans toutes les langues !

Finalement, je me couche par terre sur mon tapis de sol, couvert par les couvertures mises à ma disposition. Alors que je suis installé bien confortablement, Badr et Norde reviennent dans la pièce avec un bouquet de Cannabis, qu’ils trient et réduisent en poudre à quelques dizaines de centimètres de ma tête mais en silence. Dans le rif marocain, la culture du cannabis est une affaire de famille !

Kenitra

Les adieux avec Badr sont émouvants. Je suis touché par le sens de l’accueille de cette famille qui n’a ni électricité ni eau courante. Ils m’ont acceptés comme un des leurs, et ne m’ont rien demandé en échange.

Je reprends la route en direction de Rabat. Les vendeurs ambulants sur le bord de la route sont toujours là, mais la marchandise change. Des figues de barbaries, je passe carrément aux poulets et aux dindons vivants attachés en ligne à une petite corde. En plein soleil toute la journée, ils attendent d’être sélectionnés par un acheteur qui les feront figurer au menu du souper du soir.

Ce même soir, je décide de dormir à 40km de Rabat dans une ville quelconque : Kenitra. Je dégote un camping désertique, peuplé de chats errants, de trois bergers allemands, et d’un touriste sexuel fort sympathique ! En effet, je fais connaissance de Jean-Yves (n.d.l.r : prénom connu de la rédaction), 66 ans, qui vient de passer six mois cette année au Maroc à rendre visite à ses copines de vingt ans réparties entre Tanger et Agadir. « Je suis un peu comme les marins : une dans chaque port ». Il me raconte sont repas de la veille avec sa copine de dix-neuf ans, ainsi que les ébats qui ont suivit. Selon lui, les marocaines ne sont pas aussi prudes et réservées qu’on pourrait le croire, et il parle en connaissance de cause !

Rabat…

La ville de Rabat constitue un point crucial dans mon voyage en Afrique du Nord. C’est en effet dans cette ville que je dois acquérir mon visa pour la Mauritanie, et c’est aussi là que je prends une décision surprenante aux yeux de beaucoup de gens : rentrer en Suisse pour quelques jours. A suivre dans l’épisode 7 !

PS: Pour les photos, je vous donne rendez-vous sur la page facebook intitulée 20kmh.net – Tour du monde à vélo

Publicité

3 Réponses

  1. Mercedes LLobet

    ¡¡Excelente reportaje!! He empezado a seguir los mensajes hace pocos días. Creo que pasar unos días en Suiza te puedenir muy bien. No es nada fácil adaptarse continuamente a nuevas culturas, costumbres y maneras de vivir. Por otro lado es fantástico ver todas estas pruebas de hospitalidad desinteresada. Espero que pronto continues tu viaje viviendo más experiencias.
    Cordiales saludos. Mercedes Llobet

    3 septembre 2011 à 20 h 06 min

  2. J’ai eu de vos nouvelles par Marie-Claire. Je pense que vous avez pris une sage décision. Cela va vous permettre de vous ressourcer pour mieux repartir. Je retape toutes les nouvelles pour votre grand-mère qui est ravie semble t-il. Et, je visite le monde et ses alentours devant mon ordinateur. Que du bonheur!!!! et beaucoup moins de fatigue LOL!!!!
    A bientôt sur la route

    3 septembre 2011 à 10 h 36 min

    • Merci, c’est très sympa ce que vous faites pour ma grand-mère! Par contre cela ne sert à rien de tout réécrire! Il suffit de faire copier coller, et de changer la taille du texte dans Words! Ce qui prend des heures prend alors quelques secondes! 😉

      3 septembre 2011 à 10 h 38 min

Répondre à Annick Lalis Annuler la réponse.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s